Richard III





MISE EN SCÈNE ET SCENOGRAPHIE
ANGELA KONRAD


ASSISTANTE A LA MISE EN SCÈNE ELISE BLACHÉ
LUMIÈRE PASCALE BONGIOVANNI
COMPOSITION MUSICALE JEAN MARC MONTERA
SON JEAN-MICHEL CERDAN
COSTUMES SABINE RICHAUD et NATHALIE ELBAZ
DIFFUSION MATHIEU GRIZARD

AVEC
EMMANUÈLE STOCHL, Richard III, Duc de Gloucester
GERARD CHERQUI, Meurtrier 1, le roi Edward IV, Catesby
PATRICK CONDÉ, Buckingham, le geôlier
CATHERINE DUFLOT, La Reine Elisabeth
FABRICE MICHEL, Georges Duc de Clarence, Lord Rivers,
le Lord Maire, Stanley
ISABELLE MIROVA, la Duchesse de York, l’Evêque d’Ely
FRÉDÉRIC POINCEAU, Lord Hastings, Meurtrier 2,
Le Comte de Richmond
RAPHAËLE THIRIET, la Princesse Elisabeth, Le Prince Edouard
MARIE VAYSSIÈRE, Lady Ann, La Reine Margaret
Et en alternance, les enfants dans le rôle du Prince de York
Lucas ARCAS, Pablo FILLIT, Marco VALLA


PRODUCTION
THÉÂTRE NATIONAL DE LA CRIÉE, Marseille
COMPAGNIE IN PULVEREM REVERTERIS
THEÂTRE DES BERNARDINES, Marseille
THÉÂTRE ANTOINE VITEZ, Aix-en-Provence
REPRISE
Théâtre de Nice, Centre Dramatique National
Théâtre des Bernardines, Marseille
Théâtre de Gennevilliers, Centre Dramatique National

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La tragédie Richard III mêlant le sublime et le grotesque, met à nu cette grande machine qu’est l’histoire et l’agissement politique des hommes à la fin de la guerre des deux roses.
Malfaisant et difforme, résolu à devenir « un scélérat », Richard, Duc de Gloucester, annonce dès l’ouverture de la pièce, sa volonté absolue de se venger de la nature et d’accéder au pouvoir en supprimant tous les obstacles qui s’y opposent. Au-delà du bien et du mal, doté d’une intelligence machiavélique redoutable et profitant de la veulerie et de l’opportunisme d’autrui, Richard parvient à accéder au trône en usant de tous les stratagèmes, telle une araignée tissant sa toile. Complot, meurtre, séduction, infanticide, chasse aux sorcières et simulation de dévotion sont les outils pour parvenir au pouvoir. En usurpant le trône, Richard III transgresse toutes les lois et entraîne sa propre chute : la roue de la fortune tourne et le règne du monstre politique s’achève. Blessé mortellement par Richmond, futur Henry VII, sur le champ de bataille de Bosworth, il ne lui reste plus qu’à évaluer le fameux prix de sa quête politique et guerrière : « Un cheval ! Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! ».

« La violence possède une logique propre, un rythme, un mouvement irrésistible et destructeur. Ce n’est pas pour rien qu’on parle de mobilisation en temps de guerre. L’art dramatique a également ses périodes de mobilisation, et l’espace scénique enferme la violence dans son propre tourbillonnement. Les passions politiques sont suicidaires et sacrilèges. »

Henri SUHAMY in Shakespeare

Un prince doit se faire craindre de manière que, s’il ne se fait point aimer, il ne soit point haï, ce qui n’est pas incompatible ; avec cette ferme résolution, il laissera les sujets posséder en sûreté leurs biens et leurs femmes. Que, s’il est obligé de répandre du sang, il n’en vienne jamais là sans véritables causes ni preuves manifestes, mais surtout, qu’il ne dépouille jamais personne de son bien, car on oublie beaucoup plus aisément la mort de son père que la perte de sa succession. D’ailleurs, un Prince qui a pris goût aux confiscations trouve toujours des occasions nouvelles ; mais quand il s’agit de répandre le sang, les prétextes en sont plus rares et plus difficiles à trouver.
Machiavel, Le Prince, Chapitre XVII



RICHARD III sera fresque sanglante, une orchestration d’antithèses reflétant un monde hybride et cauchemardesque qui pourra ressembler à des tableaux de BOSCH, peintre flamand du XVIème siècle dénonçant l’humanité qui court à sa perte à travers des représentations satyriques, mystérieuses et inquiétantes : un monde qui fait apparaître les spectres et les hommes côte à côte, un monde des encore-vivants et des déjà-morts se frottant au pouvoir et aux autres comme la plupart de ceux qui veulent à tout prix arriver, et qui ont toutes les raisons de le désirer car sinon que restera-t-il d’eux ?

Va le monde, va, que la roue tourne, qu’on traverse le champ de bataille de l’altérité, pas d’Autre possible " I am myself alone ", voilà ce qu’il dit quand Richard parle de Richard, ce double et le même de lui-même, le pouvoir ne se partage pas et il vaut mieux crever que de céder, au moins on est sûr d’être quelqu’un.

Cette fresque de « têtes ravagées » comme dirait Liliane Giraudon et j’ai bien envie de donner ce sous-titre au travail de Richard III, cette fresque faite de rhétorique sanglante, de pensée machiavélique et de corps éclatés, sent l’odeur qui accompagne toute ascension au pouvoir à savoir l’odeur de la décomposition et de la pourriture.

Je pense plutôt que ça grouillera de mille bêtes qui viennent achever le travail de la rhétorique, des ténèbres qui se forment et déforment sous nos yeux, et ça prépare le terrain d’une réussite détachée de tous présupposés métaphysiques. Le principe de la mutabilité dans Richard III (historique, cosmique, idéologique et sémantique) constitue son moteur.
Ce débordement permanent de sens et de sang transgresse toute idée d’œuvre fermée. Il s’agira donc d’une structure ouverte qui cherche à tenir compte de la pièce telle qu’elle est écrite tout en recherchant une forme de représentation mobile contraire à toute stabilité.

Angela KONRAD